Vers une démocratisation du paiement mobile ?
Avec près de trois consommateurs sur quatre ayant accès à Internet via un smartphone dans le monde (71%), les distributeurs pourraient penser que le moment est enfin venu pour les consommateurs d'acheter des biens et des services via leur terminal mobile. Mais l'enquête de l'Institut GfK conduite dans 17 pays auprès de 17 000 consommateurs, révèle que seulement 5% des transactions mondiales sont réellement effectuées avec un appareil mobile.
Bien que l'argent liquide et les cartes de crédit soient encore majoritairement utilisés comme moyen de paiement (respectivement 46% et 45%), l'enthousiasme des consommateurs vis-à-vis du paiement par mobile commence à se faire ressentir. Dans son étude mondiale, l'Institut d'études GfK observe une appétence de plus en plus prononcée pour le paiement mobile à condition que deux barrières soient levées pour favoriser l'adoption massive de ce nouveau protocole : la confiance et la technologie.
Quel avenir pour le paiement mobile ?
" Actuellement, 28% des shoppers effectuent des paiements mobiles à raison de deux ou trois fois par mois. Bien que cela représente seulement une fraction des transactions globales, ce pourcentage montre qu'il existe une marge de progression importante " analyse Nathalie BOLLE, Directrice de l'expertise Market Opportunities & Innovation chez GfK. Les taux d'intérêts et d'utilisation sont beaucoup plus élevés en Asie Pacifique, où 17% des consommateurs paient quatre à dix fois par mois via solutions mobiles, un tiers (33%) deux à trois fois par mois, et près de la moitié (46%) sur une période de six mois. A titre de comparaison, c'est quasiment le double du résultat observé en Europe occidentale (24%).
Au global, 27% des consommateurs déclarent qu'ils préfèrent effectuer des paiements avec leur téléphone portable dès que l'occasion leur est donnée.
Le M-commerce sera un moteur pour les paiements mobiles, mais les freins subsistent
Parmi les sondés, GfK a identifié au sein du groupe des LEC " Leading Edge Consumers " (= early adopter, influent, passionné de shopping), un intérêt très marqué pour le m-commerce, puisque 69% d'entre eux, déclarent que leur terminal mobile est en train de devenir leur appareil de paiement le plus important, et 72% sont impatients d'effectuer plusieurs transactions en suivant ce protocole. L'activité du paiement mobile est particulièrement importante au cœur des magasins puisqu'un quart (25%) de tous les paiements mobiles dans le monde sont réalisés sur le point de vente.
Pourtant, malgré ce vent d'optimisme, dans la réalité, seul un petit nombre de paiement sont effectivement réalisés par mobile. Comment les distributeurs peuvent répondre aux besoins des consommateurs et surmonter les obstacles qui freinent le développement du paiement via le téléphone ?
D'abord une question de confiance
Il y a une crainte très répandue chez les consommateurs selon laquelle les paiements par mobile ne sont pas sécurisés. Seulement un quart des répondants pense que les paiements mobiles sont 100% sécurisés. Les Latino-Américains ont beaucoup plus confiance dans la sécurité des paiements mobiles à 35%. Les jeunes consommateurs sont également plus susceptibles de penser que les paiements mobiles sont fiables - un tiers des 18-24 ans et des 25-34 ans estiment que leurs paiements sont sécurisés par rapport à un quart des 35 à 49 ans, et 15% de ceux âgés de 50-68 ans.
Les consommateurs craignent également pour le vol de leurs données personnelles. Plus de la moitié des répondants (57%) se sentent préoccupés par une éventuelle intrusion dans leur vie privée. Les LEC (69%) et les plus jeunes (58%) enregistrent les taux de défiance les plus élevés, ce qui suggère que même s'ils sont prêts à embrasser le concept des paiements mobiles, ils sont aussi plus attentifs aux risques potentiels et manquent de confiance dans les dispositifs de protection proposés aujourd'hui par la technologie.
Impasse technologique
La technologie utilisée aujourd'hui pour le paiement mobile est considérée comme un autre facteur discriminant pour sa propre démocratisation. 42% des consommateurs ont confié à GfK que leur perception actuelle du paiement mobile est plus " expérimentale " que synonyme d'une rupture sérieuse et définitive avec les moyens de paiement traditionnels. La convivialité est une préoccupation majeure - 45% des sondés déclarent que la technologie des paiements mobiles est perfectible. Les LEC sont encore plus accablants dans leur verdict puisque 63% d'entre eux pensent que la technologie n'est pas à la hauteur.
Le manque d'équipements chez les commerçants est un autre obstacle à l'utilisation massive du paiement mobile. Un tiers des consommateurs aimerait effectuer des paiements plus mobiles, mais ces mêmes consommateurs se sentent empêchés de le faire par manque de matériels opérationnels dans le commerce. Cette frustration est significativement plus élevée chez les jeunes consommateurs (41% des 18-24 ans) et presque deux fois plus répandue parmi les LEC où le taux s'élève à près des deux tiers (62%).
Conclusions
Les recherches de l'Institut GfK montrent que les consommateurs ne demandent qu'à être convaincus de la valeur ajoutée du paiement mobile dans leur quotidien, et cela quel que soit les tranches d'âges et les profils de consommateurs. Les clés du succès reposent sur la confiance et la technologie et par là même sur la compréhension à l'échelle mondiale, de tous les acteurs de la chaîne de valeur pour transformer le mobile comme une option de paiement évidente dans un futur proche.
A propos de l'enquête GfK FutureBuy 2014
Etude Shopper réalisée dans 15 catégories non-alimentaires dans 17 pays (Canada, États-Unis, Mexique, Colombie, Brésil, Argentine, Pologne, Allemagne, France, Espagne, Roumanie, Bulgarie, Russie, Chine, Corée, Japon, Australie)