Forum Europe Créative - Ecologie et numérique : je t'aime moi non plus ?
Les 7 et 8 mars 2023 au cinéma Le Méliès et à La Marbrerie (Montreuil), et à Césure (Paris).
Les transitions questionnent chacun·e d'entre nous, en tant que citoyen·ne·s, mais aussi en tant qu'acteur·rice·s culturel·le·s, audiovisuel·le·s et créatif·ve·s, en France et en Europe. De nombreuses expérimentations se développent dans le cinéma, les jeux vidéo, la musique, le spectacle, les arts visuels, le design, la mode, etc. Les stratégies publiques européennes et les programmes culturels de mise en oeuvre s'adaptent : green deal européen, décennie numérique, nouveau Bauhaus européen… Une question nous est commune face aux limites : Comment faire pour habiter la Terre de manière plus durable et plus juste ? Quelle démarche collective engager en Europe ?
Pendant 2 jours, avec Laurence Allard, et des acteur·rice·s culturel·le·s, artistes, chercheur·euse·s, français·e·s et européen·ne·s, nous proposons, au croisement entre écologie et numérique, entre matérialité et imaginaires, d'échanger et de travailler sur ces transitions entre chercheur·euse·s, artistes, acteur·rice·s, industries, disciplines et territoires.
Quels récits des transitions partager ? Quels équilibres trouver entre volontés écologiques et développements technologiques ? Entre humain, vivant et technologie ? Que nous disent les expériences et recherches en cours des chantiers coopératifs européens à investir (sobriété choisie, nouveaux usages, etc.) ?
Quelles interdisciplinarités construire ? Quelles adaptations des modes de faire, de production et de diffusion artistiques et culturels ? Quelles stratégies de mise en oeuvre et politiques publiques européennes de soutien à la culture ? En bref, comme l'a proposé Bruno Latour, comment explorer des manières d'"atterrir" ensemble en Europe ?
Une première étape pour dessiner une réponse coopérative et solidaire, celle d'une Europe de la transition, d'une Europe en action, d'une Europe créative. Une première étape que nous poursuivrons tout au long de l'année dans nos rendez-vous autour d'Europe créative.
Laurence Allard
Conseillère scientifique du Forum. Maîtresse de conférences en Sciences de la Communication, chercheuse à l'Université Paris 3-IRCAV.
La numérisation généralisée de nos sociétés décrite comme une dématérialisation positive se trouve aujourd'hui de plus en plus remise en question au plan de son impact environnemental grandissant. La médiamorphose d'Internet, la plateformisation de la culture, les flux vidéo massifs, les développements de mondes immersifs et d'intelligence artificielle créative contribuent à repenser ladite immatérialité du numérique. Le numérique décrypté sous l'angle de son écologie se révèle constitué de tout un ensemble d'infrastructures matérielles et de pratiques technologiquement assistées qui suppose de l'extraction minière, du transport d'énergie, une chaîne logistique, une empreinte hydrique et qui conduit à une masse de déchets plus ou moins recyclables[1]. Documenter l'empreinte environnementale grandissante du numérique ne relève cependant pas d'une question matérielle mais remet en lumière des exploitations humaines séculaires de type coloniales. Concevoir une écologie de la culture suppose donc de penser et panser des milieux de vie entre humains et non-humains et dans lesquels le numérique ne se définit plus comme une puissance mortifère nous entrainant vers un effondrement anthropocènique. Pour incarner ce programme, ce Forum propose d'une part, de décrire suivant une perspective matérialiste articulant extractivisme des ressources et exploitation des humains les conditions socio-matérielles d'existence du numérique et d'autre part, de faire atterrir les imaginaires d'écologisation des pratiques artistiques et culturelles numérisées en développant des compétences et appétences centrées sur le soin des objets techniques, leur réparabilité, leur durabilité et leur dispensabilité."