Intentions et motivations d'achat sur les consoles de nouvelle génération
Etude réalisée par GameStatistics
Objectifs et méthodologie
Pour terminer l'année vidéo-ludique 2013, GameStatistics (qui réalise des études et enquêtes sur les jeux vidéo) ne pouvait passer à coté de l'évènement constitué par l'arrivée imminente d'une nouvelle génération de consoles.
Entre la Xbox One et la Playstation 4, et face aux autres acteurs que sont la Wii U, le PC, les "outsiders" ou bien encore les Smartphones et tablettes, les joueurs vont être les principaux acteurs d'une nouvelle "guerre des consoles". Leurs intentions et motivations d'achat ont été étudiées pour pouvoir dresser un état des lieux de leurs opinions, quelques semaines avant la sortie de la Xbox One et de la Playstation 4.
Pour mener à bien cette étude, 895 "joueurs engagés", recrutés par e-mail, sur des forums de jeux vidéo et sur les réseaux sociaux ont été interrogés via un questionnaire online diffusé au début du mois d'octobre. Par "joueurs engagés" on entend ces joueurs se tenant informés de l'actualité des jeux vidéo, véritable "opinion publique" des joueurs investis dans le média.
Une synthèse des principaux résultats numériques ainsi que la conclusion proposée par GameStatistics sont présentés ci-dessous.
Le rapport au complet peut être consulté via le lien suivant : www.gamestatistics.fr/Enquete-NextGen_Rapport.pdf
Synthèse numérique
Quelques-uns des chiffres-clés de cette enquête, sur la population des joueurs engagés.
Sur les intentions d'achat :
- 50% des joueurs interrogés déclarent vouloir acheter à court ou moyen terme la Playstation 4, dont 16% de précommandes
- 19% des joueurs interrogés déclarent vouloir acheter à court ou moyen terme la Xbox One, dont 7% de précommandes
- 80% des possesseurs de Playstation 3 envisagent d'acheter à court ou moyen terme la Playstation 4
- 40% des possesseurs de Xbox 360 envisagent d'acheter à court ou moyen terme la Xbox One
- 27% des possesseurs de Wii possèdent déjà la Wii U, et 20% supplémentaires envisagent de l'acheter à court ou moyen terme
- 22% des joueurs jouant exclusivement sur PC envisagent d'acheter à court ou moyen terme l'une des trois consoles " next gen "
- Moins de 1% des joueurs interrogés envisagent l'achat de la Ouya, la Gamestick ou encore la Shield de Nvidia.
Sur les motivations d'achat :
- Plus de 70% des joueurs interrogés considèrent comme " très important " dans le choix d'une nouvelle console ses exclusivités et la possibilité d'y jouer " offline "
- Entre 50 et 60% des joueurs interrogés considèrent comme " très important " dans le choix d'une nouvelle console sa manette, la possibilité de vendre / acheter des jeux d'occasion, sa puissance technique et son prix.
- 52% des acheteurs déclarés de la Xbox One considèrent comme " très important " les jeux disponibles au lancement, contre 27% pour la PS4
- 75% des acheteurs déclarés de la PS4 considèrent comme " très important " la possibilité de jouer offline, contre 46% pour la PS4
- 77% des acheteurs déclarés de la Xbox One considèrent comme " très important " les qualités de la manette, contre 58% pour la PS4
Sur les sujets annexes :
- 46% des futurs acheteurs de la PS4 s'intéressent fortement aux jeux de rôle " japonais ", contre 33% pour la Xbox One
- 16% des joueurs interrogés se déclarent " très intéressé " par la Steam Box / Steam Machines, et 27% " assez intéressés "
- 70% des joueurs interrogés ont la possibilité de jouer en " double écran ", avec un mobile et/ou une tablette en plus de leur console (ou ordinateur)
- 23% des joueurs interrogés jouent au moins " de temps en temps " sur un téléphone mobile, contre 20% sur une console portable
Conclusion
Dans cette nouvelle édition de la " guerre des consoles ", et à l'aube de la première bataille entre Microsoft et Sony, c'est ce dernier qui part au combat dans les meilleures conditions : en termes de pré commandes comme d'intentions d'achat (à court ou moyen terme), les joueurs engagés penchent très majoritairement pour la firme japonaise, dans un rapport allant de deux à trois Playstation 4 plébiscitées pour une Xbox One. Du coté de Microsoft, la désertion et la trahison sont généralisées, avec seulement 40% des possesseurs actuels de Xbox 360 qui envisagent de passer à la " One " (et autant qui envisagent un changement de bord), là où ils sont deux fois plus nombreux à rester fidèles dans les rangs de Sony.
L'une des raisons majeures expliquant ce déséquilibre des forces tient sans doute pour beaucoup aux errements diplomatiques de Microsoft de l'été : sur les points à polémiques que sont notamment la possibilité de jouer " offline " et l'achat / la revente de jeux d'occasion, une large majorité des futurs acheteurs de la Playstation 4 considèrent qu'il s'agit d'éléments " très importants " guidant leur choix de console, là où les futurs acheteurs de la Xbox One sont nettement moins nombreux à l'affirmer. Même si Microsoft a finalement sonné la retraite sur ces sujets, ils restent sensibles et auront eu un impact d'image déterminant. On note quelques autres différences significatives dans la composition des rangs des deux protagonistes : les acheteurs déclarés de la Xbox One sont plus sensibles à la manette et aux jeux disponibles dès le lancement, là où ceux de la Playstation 4 sont plus motivés par la puissance technique et le prix. Réels ou supposés, les avantages des deux consoles aux yeux des joueurs engagés apparaissent ainsi numériquement en évidence.
Sur le terrain des exclusivités - le véritable nerf de la guerre, cité majoritairement par les joueurs comme le critère décisif dans le choix d'une console - l'avantage semble pourtant du coté de Microsoft : les TitanFall, Halo 5, Dead Rising, Forza et autres Ryse attirent très fortement une large partie de ceux qui n'ont pas cédé aux sirènes de Sony, d'autant plus que la plupart de ces jeux seront disponibles dès le lancement de la console. Les exclusivités Sony présentent un attrait moindre (parmi celles qui ont été officialisées tout du moins), et ne pourront souvent entrer que plus tardivement dans la bataille. Si cet avantage ne se traduit pas par un atout décisif, il permettra au moins à Microsoft d'éviter une hécatombe trop prononcée en début de conflit.
Bien sûr, on gardera en mémoire tout d'abord que " perdre une bataille n'implique pas de perdre la guerre " : on se souviendra des premiers engagements de la Playstation 3 face à la Xbox 360, alors très nettement en sa défaveur, pour un résultat final nettement plus glorieux quelques années plus tard. Ensuite, la masse des joueurs constituant les effectifs des deux camps n'est pas composée que de ces joueurs vétérans, bien au contraire : si le jugement de ces derniers est très largement en faveur de Sony, qu'en sera-t-il des autres ? Les conscrits ne suivent pas forcément les ordres des officiers, en particulier si l'ennemi déploie une propagande efficace et massive... Sony a très clairement conquis sa cible première constituée des joueurs engagés, mais les efforts marketing de Microsoft (TV en particulier) auprès du grand public restent sans doute en mesure de nuancer cet avantage, voire de rétablir l'équilibre.
Avec son entrée en guerre prématurée, la Wii U semble s'être enlisée dans un conflit où elle avait probablement surestimé ses forces. Ainsi, seulement un quart des possesseurs de Wii interrogés ont franchi le pas de la Wii U, auxquels on rajoutera 20% de joueurs envisageant un achat à plus long terme de la nouvelle console. Nintendo garde toutefois en réserve des munitions sur le terrain décisif des exclusivités : si le salut ne viendra sans doute pas des rares titres multiplateformes prévus également sur Wii U (pour lesquels les possesseurs de Wii U semblent accorder pour la plupart un intérêt assez limité) les Mario Kart, Super Mario 3D World et autres Super Smash Bros. génèrent un très fort intérêt auprès des possesseurs ou futurs acheteurs de la console. En évitant soigneusement la confrontation directe avec ses concurrents, qui sait si, sur la longueur et à force d'escarmouches, la Wii U ne réussirait-elle pas à sortir la tête haute du conflit?
On sait que que "tout empire périra", mais l'ancienne superpuissance qu'est le jeu sur PC avait déjà perdu de sa suprématie au cours de la dernière décennie. Comme à chaque nouvelle génération de console qui arrive, une partie de ceux jouant exclusivement sur ordinateur (1/5 des joueurs interrogés) sera tentée par l'une ou l'autre des nouvelles consoles. Si ce n'est pas négligeable, c'est sans doute loin de la véritable hémorragie qu'avait connu le jeu PC lors de la précédente génération. Et l'on peut penser que le vieux général garde suffisamment d'atouts et d'armes secrètes (on pense notamment à l'Oculus Rift) pour affronter sereinement une guerre de plus.
Ouya, GameStick, Shield... combien de divisions ? Les puissances mineures, passé l'enthousiasme de la déclaration de guerre, semblent être réduites à un rôle de figurant dans les marges de l'histoire. Tout au plus la Ouya ou la Shield peuvent se targuer de s'être faîtes connaître auprès des joueurs engagés, mais elles restent anecdotiques tant en intentions d'achat que pour l'intérêt des joueurs. La "Steam Box" de Valve sera certainement un nouveau venu nettement plus dangereux pour les belligérants ; mais pour l'instant, l'enthousiasme des joueurs pour les " Steam Box " reste contenu, avec un peu plus de 40% des interrogés potentiellement intéressés par le concept.
Il reste encore à évoquer la coalition hétéroclite rassemblant les Smartphones et tablettes numériques de toutes marques, coalition qui ne cesse de gagner du terrain auprès des nouvelles recrues. Mais pour les joueurs engagés, ces plateformes restent assez largement confinées à une pratique occasionnelle, avec moins de 10% des joueurs interrogés déclarant y jouer fréquemment. Elles parviennent toutefois à rivaliser largement avec les consoles portables pour le jeu nomade ; et il leur reste encore à prouver l'intérêt du "double écran" pour s'installer durablement dans les habitudes des joueurs engagés, et ainsi dépasser le cadre (aussi juteux soit-il) du " casual gamer ".
Cette nouvelle guerre des consoles promet bien sûr du sang et des larmes, des vaincus et des vainqueurs qu'il serait bien prétentieux de vouloir anticiper. Sans doute plus que par le passé, celle-ci s'apparente à une guerre de mouvement, où les technologies comme les acteurs se renouvellent à un rythme effréné. Réalité virtuelle, Cloud Gaming, nouveaux acteurs comme Google ou les géants des télécommunications, sans même parler de l'émergence de certains régions du monde… De nombreux observateurs prophétisent que cette nouvelle génération de consoles de jeu sera la dernière : peut-être alors que cette guerre des consoles qui s'annonce sera bel et bien la " Der des Ders "