Les métiers du jeu vidéo en 2021 : Animateur 2D / 3D
La base du travail de l'animateur est bien souvent… l'observation !
L'animateur 2D ou 3D insuffle la vie aux personnages conçus par les modeleurs. Il va donner l'impression qu'ils sont vivants, qu'ils respirent et sont en mouvement. Son travail est à la fois très contraint (il ne crée pas les personnages et doit respecter un cahier des charges décrivant leur histoire) et très libre (il va affiner leur personnalité en leur donnant vie). L'animateur 3D est en quelque sorte le marionnettiste tirant les ficelles de la marionnette.
L'animation 3D est pratiquée dans les jeux vidéo, les films, la télévision ou la publicité. Mais chaque industrie recherche généralement un style d'animation différent. L'animateur 3D s'inscrit dans un ensemble et devra donc travailler avec le Game Artist et le directeur artistique, par exemple, pour s'assurer que les expressions de son personnage correspondent aux intentions de ces derniers.
La base du travail de l'animateur 3D est bien souvent… l'observation ! Comment se déplace un humain, un animal, un véhicule, mais aussi un alien, un robot ou un grille-pain qui parle ! Donner vie aux objets 3D implique de leur donner des caractéristiques uniques ou intéressantes. Des connaissances en anatomie sont donc incontournables et, si l'animateur se spécialise dans l'animation des décors, une culture architecturale sera nécessaire.
Informations métier
Niveau d'études : Bac +3 - Bac +5
Salaire mensuel brut : De 2 000 à 3 500 € selon expérience
Patience et adaptabilité
Ce métier suppose d'avoir de bonnes compétences techniques et la maîtrise de logiciels comme Maya, ainsi que de rester toujours en éveil sur les innovations technologiques. Un jour ou l'autre, un animateur devra ainsi travailler avec les spécialistes de la motion capture.
Ce travail exige également beaucoup de patience… une seule animation de dix secondes peut prendre des semaines et des semaines à fabriquer ! Et comme la production d'une oeuvre animée n'est jamais simple, l'animateur devra parfois composer avec les changements d'orientation éditoriale décidés par ses chefs. Et donner à son personnage des expressions nouvelles.
Qualités requises
- Savoir dessiner (2D)
- Aptitudes au calcul
- Notions d'anatomie et d'architecture
Acquis de fin d'études
- Maîtrise des logiciels 3D (3ds Max, Maya…) et d'animation. Connaissance des outils de level design.
Interview de Vanessa Ruffra
Diplômée de l'ESRA Animation en 2007, elle est animatrice 3D senior chez Ubisoft et a contribué à l'animation du gameplay et des cinématiques des Assassin's Creed et des Tom Clancy's Ghost Recon.
Quel est le rôle d'un animateur 3D dans la production d'un jeu vidéo ?
Le rôle de l'animateur est de donner vie aux personnages de manière crédible et cohérente, puisque chaque mouvement se rapporte à sa personnalité et à son contexte (âge, sexe, corpulence, état mental, etc.). Dans le jeu vidéo, il y a deux sortes d'animations. Les animations cinématiques, d'abord, qui se rapprochent du cinéma : les valeurs de plans et les angles de caméra sont connus à l'avance, on anime en rapport direct avec le story-board qui a été préétabli. Une attention particulière est apportée aux mains et aux expressions faciales des personnages ainsi qu'aux mouvements de caméra. Il y a aussi les animations gameplay, qui permettent au joueur et autres créatures de se déplacer, qui agissent sur tout ce qui peut avoir de l'interaction directe et qui nécessite du temps réel. L'animation peut être visible de tous les angles pour un jeu en 3D. Ce travail est en très forte corrélation avec les codeurs pour que le résultat soit cohérent visuellement.
Quelles sont les qualités indispensables pour réussir dans ce métier ?
Il faut dans tous les cas être patient, minutieux et observateur. Des connaissances en anatomie et en dessin sont de vrais atouts. C'est un métier à la fois technique et artistique, qui demande du temps et de la réflexion pour savoir comment bouge le corps et comment fonctionnent les différents logiciels inhérents à l'entreprise. Il faut aussi avoir un esprit d'initiative pour essayer de sortir des sentiers battus et proposer des choses nouvelles et innovantes, afin de faire progresser soit techniquement soit visuellement l'animation.
À partir de quelle matière travaillez-vous ? Faut-il se spécialiser sur un type d'objet ou de personnage ?
Les productions de jeux vidéo sont très diverses. On peut travailler à partir de motion capture sur un projet réaliste ou semi-réaliste, ou à partir de références vidéo, ou de croquis d'intention pour des jeux qui visent la créativité plus que le réalisme. Il faut savoir tout animer : humains, créatures, animaux, objets, végétation, etc. Mais les principes d'animation restent les mêmes et il y a toujours une phase de recherche afin de dégager l'essence et le style d'animation.
Y a-t-il une place donnée à la motion capture dans votre métier ?
Certaines entreprises ne travaillent qu'avec de la motion capture et ont leur propre studio. D'autres préparent les shootings en amont pour les faire tourner dans des studios spécifiques. En animation, on reçoit les fichiers de motion capture dans notre logiciel 3D et on va travailler par-dessus cette base. Il faut amplifier, caractériser et nettoyer les mouvements parasites pour que la silhouette se dégage et que l'intention soit claire pour le spectateur ou le joueur.
À quel moment du pipeline de production intervenez-vous ?
L'animateur intervient dès le début de la production. Il est amené à faire rapidement des tests pour valider les intentions du script, faire des recherches sur les personnages même s'ils ne sont pas encore définis et validés visuellement. On travaille énormément par itération, donc on livre de nombreuses versions de nos animations avant d'arriver au résultat final. On augmente progressivement la qualité pour obtenir un résultat homogène et cohérent. On se réserve à la fin pour polisher les actions les plus vues et pour débugger le gameplay sans plus toucher aux animations afin de ne pas créer de nouveaux problèmes.
Quelles sont les évolutions de carrière possibles ?
Le métier est plaisant pour les différentes opportunités qu'il apporte. On peut se spécialiser en cinématique, diriger une équipe de plusieurs personnes, devenir un pro du facial, s'orienter sur les aspects techniques du pipeline, être spécialiste keyframe ou motion capture, devenir directeur artistique ou directeur technique. L'évolution dépend beaucoup de l'entreprise dans laquelle on travaille. Une petite structure aura moins de personnes à disposition et demandera donc d'être beaucoup plus polyvalent. Une grosse entreprise aura au contraire pour chaque poste un spécialiste à temps plein, des aides et de la documentation importantes, et permettra de se focaliser sur une partie en particulier.
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