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Les métiers du jeu vidéo en 2023 : game designer

Son rôle principal : adapter la vision d'un créateur à une réalité économique en inventant un gameplay séduisant


Les métiers du jeu vidéo en 2023 : game designerLe - ou la - game designer est à la croisée de tous les métiers du jeu vidéo. Sa tâche, fondamentale, est de traduire les intentions du créateur du jeu en mécanique (ou gameplay) pour créer une expérience unique. Il est à la fois artiste, technicien, manager, au service des idées du créateur, tout en gardant en tête les objectifs de la production. Car le game designer n'oublie jamais que le projet sur lequel il travaille a une visée commerciale. C'est même son rôle principal  : adapter la vision d'un créateur à une réalité économique en inventant un gameplay séduisant.

Le game designer est donc la personne qui va transformer une idée en jeu vidéo. En s'appuyant sur sa grande culture vidéoludique, il doit déterminer le genre du jeu ou, dans le cas de productions AAA, celui d'un niveau ou d'un DLC. Il est à la base du gameplay, c'est-à-dire du plaisir de jouer. Ce qui signifie qu'il doit comprendre finement à quel type de joueur on s'adresse. Son objectif doit en effet toujours être le même  : devancer ce que les joueurs recherchent, leur fournir ce qu'ils apprécient. Il rédige en ce sens un cahier des charges qui s'adresse à tous les intervenants du pipeline de production, pour qu'ils puissent s'y référer afin de garder la cohérence de l'ensemble. Un game designer doit être en mesure de communiquer avec tous les intervenants, mais aussi de porter le jeu devant la presse. Des services techniques à la communication et au marketing, la diversité de ses interlocuteurs est grande.

Informations métier
Niveau d'études  : bac +3 - bac +5
Salaire mensuel brut  : 2 000 - 4 200 € selon expérience

Avoir des idées et en connaître les limites

Si son rôle est crucial, il n'en est pas moins " coincé " entre devoir traduire les volontés du créateur en phases de jeu intéressantes et faire des propositions techniquement réalistes, tout en restant dans les clous de la charte graphique définie par le directeur artistique.

Il doit donc connaître la grammaire qui permet de conter une histoire, mais aussi les règles et contraintes de la technologie. Ce qui signifie avoir une maîtrise des logiciels utilisés par les autres designers (character ou environnement designers, notamment). C'est ce qui lui permettra de faire passer ses idées, mais aussi d'en comprendre les limites.

Qualités requises

  • Fort intérêt pour le jeu vidéo
  • Être pédagogue et force de proposition
  • Être imaginatif
  • Esprit de synthèse
  • Pouvoir communiquer à l'écrit comme à l'oral

Acquis de fin d'études

  • Connaissance de toute la chaîne de production d'un jeu vidéo
  • Connaissance des outils tels que les moteurs (Unreal, Unity), les logiciels 3D
  • Notions de marketing (tendances, comportement des joueurs)

Interview de Lionel Rico

Lionel RicoPassé par Ubisoft Paris, Montréal puis Barcelone, il a participé à la création de dizaines de jeux en tant que lead game designer. Il est responsable des mastères Game Art, Game Design et développement de l'école Artfx.

Game Designer est un métier au centre de la création d'un jeu vidéo. Concrètement, quelle est sa mission  ?

Le game designer est avant tout passionné par l'expérience joueur. Il définit les mécaniques de gameplay et la structure du jeu, c'est-à-dire le système. Son rôle principal est de créer les règles, les actions, les challenges auxquels le joueur doit faire face, sa progression et la courbe de difficulté du jeu. Il doit aussi définir la place du joueur au sein de cette expérience et toute interaction avec des éléments de gameplay, narratifs, donneurs ou objets de quête, etc.

Comment se situe-t-il dans le pipeline de production  ? Quelle est sa marge de manoeuvre pour peser sur la création  ?

En plus de son rôle créatif, le game designer est aussi le garant de la cohérence entre narration, esthétique et jouabilité. De ce fait, il participe à la conception et à l'élaboration des mondes et des univers, de l'ambiance et du ton général du jeu. Il doit surtout s'assurer que toutes les facettes de la production d'un jeu soient mises au service de l'expérience joueur et de sa jouabilité. Son objectif final est d'engager et de fidéliser ses joueurs dans le jeu qu'il a désigné. Donc, en résumé, il est au coeur de la conception, mais aussi le fil rouge tout au long de la production du jeu.

La maîtrise des outils technologiques ne prend-elle pas de plus en plus d'importance  ?

Oui, indéniablement. La vraie révolution dans le domaine a été de fournir aux développeurs et aux indés des outils technologiques de pointe, stables et gratuits. Le rôle du designer a d'ailleurs évolué grâce à ces nouveaux outils, particulièrement au cours des cinq ou six dernières années  : entre l'accès gratuit aux moteurs de jeu les plus performants comme Unreal ou Unity, les différents supports d'apprentissage que l'on peut retrouver en écoles de jeux vidéo comme la nôtre, ou tout simplement certains tutoriels très bien faits sur YouTube, les game designers ont gagné beaucoup plus d'autonomie et de présence technique sur un projet. Les game designers jouent maintenant un rôle central dans le processus de développement d'un jeu et d'intégration du game design dans le moteur. Ils sont en mesure d'obtenir des 3C [pour Camera, le point de vue du joueur, Character, le type de personnage, et Control, la façon dont on joue au jeu, ndlr] intéressants ou bien de créer une structure système et d'organiser le flow de leurs missions sans l'intervention d'un programmeur, par exemple.

Les espaces de réalité virtuelle offrent-ils de nouvelles perspectives à ce métier  ?

Depuis l'avènement des équipements de réalité virtuelle dans les foyers, les jeux et les expériences interactives qui en sortent souffrent souvent de la comparaison avec les jeux traditionnels de console et PC, notamment au niveau de la qualité graphique, de la profondeur des mécaniques, du game système et de sa jouabilité. Designer des expériences spécifiques à cette plateforme tout en évitant de reproduire les mécaniques "core" de jeux traditionnels nous pousse automatiquement à repenser nos méthodes et théories de game design et à placer la personne physique au même plan que l'interface joueur-machine (la manette ou le personnage principal, par exemple). Et trouver des mécaniques cores ou des gameplays inédits est une tâche extrêmement difficile et coûteuse pour les studios, car beaucoup de temps de recherche et développement doit y être consacré. En revanche, tout reste à faire dans le domaine, car, même si nous avons pu jouer à d'excellents jeux en VR, jusqu'à présent, aucun jeu publié sur ce support n'a eu le même succès qu'un AAA sur PlayStation ou Xbox. Le jour où la réalité virtuelle offrira un confort extrême en termes d'utilisation physique (équipement ultraléger, 100 % netteté des lentilles et qualité de l'image AAA), tout en ayant résolu le problème de l'espace de jeu et du "motion sickness", les studios pourront alors investir beaucoup plus dans le développement de jeux VR en prenant un minimum de risques.

Quelles sont les qualités indispensables pour réussir en tant que game designer  ?

D'après moi, il faut absolument développer son sens méthodique, savoir transmettre ses idées, et pouvoir en concrétiser certaines par soi-même. Réduire l'interdépendance, c'est-à- dire obtenir un résultat probant par soi-même - que ce soit un gamefeel, un système, une mécanique ou un niveau de jeu en utilisant tous les outils mis à disposition - est primordial. L'autonomie est un "anti-stress" pour les équipes de production, de même que la communication claire et collaborative maintient le bien-être sur un projet. L'échange et les retours sur un travail en particulier, la manière dont les membres de l'équipe s'en servent pour améliorer leur domaine de production est aussi une des clés de réussite. Ensuite, je dirais qu'il faut obtenir un bon équilibre de connaissances et de compétences entre théorie et pratique. Et savoir faire le pont entre ces deux principes, avec, là encore, de la méthode. Et pour finir : être curieux, se remettre en question et toujours vouloir s'améliorer. Car produire un jeu, c'est aussi aller au bout de ses pensées, et ne pas hésiter à se renouveler sans cesse, se recycler pour être encore plus performant, encore plus créatif et donner envie aux joueurs de nous suivre dans nos aventures  !

Quel est le jeu qui vous a donné envie de vous lancer dans le game design  ?

The Legend of Zelda : A Link to the Past  ! Ce jeu m'a complètement chamboulé, le game system était parfait, les challenges intéressants et peu répétitifs, l'univers et le ton du jeu iconiques, et… C'était mes premiers pas dans un monde ouvert dans lequel il fallait aller chercher les quêtes, contrairement aux jeux traditionnels de l'époque où les missions s'enchaînaient avec les niveaux. Incroyable. Révolutionnaire. Immortel. : )


Les métiers du numériqueGuide 2023 - Les métiers du numérique - Ecoles et formations

Cette fiche est extraite du hors série "Guide 2023 - Les métiers du numérique - Ecoles et formations" édité par Jeux Vidéo Magazine disponible chez votre marchand de journaux au prix de 6,95 €. Cliquez sur la couverture pour découvrir des extraits des autres métiers.

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Publié le 27 novembre 2023 par Emmanuel Forsans
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